vendredi 20 mars 2015


ANURIE PAR OBSTACLE SUR LA VOIE EXCRETRICE


L’anurie par obstacle de la voie excrétrice est définie comme un arrêt total ou presque total de la diurèse due à une obstruction située à un niveau quelconque de la voie excrétrice supérieure, orifices urétéraux compris. Il s’agit d’une urgence médicale car le pronostic vital est engagé (insuffisance rénale aiguë).

Le diagnostic précis de la nature obstructive est nécessaire avant d’envisager un traitement qui pourra conduire à une guérison définitive ou qui ne pourra malheureusement empêcher une évolution fatale dans 20 % des cas.

DIAGNOSTIC PARACLINIQUE

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ArrowASP: fournit des éléments d’orientation si l’on découvre un calcul radio-opaque sur le trajet urinaire

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ArrowEchographie: confirme le mécanisme obstructif de l’anurie. L’échographie permettra en outre de réaliser une ponction rénale et de mettre en place une néphrostomie per cutanée si nécessaire.

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ArrowL’urographie intraveineuse: visualise le siège exact de l’obstacle une fois sur deux et est un outil précieux en cas d’obstacle urétéral. Cependant l’avènement de l’échographie a fait passer cet examen au second plan.

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ArrowTomodensitométrie: tend à devenir l’un des principaux examens en cas d’anurie obstructive depuis l’avènement de la technique dite " spiralée " pour mettre en évidence les signes d’obstruction ainsi que leur cause.

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ArrowCystoscopie, urétéro-pyélographie rétrograde et pyélographie descendante sont trois examens souvent nécessaires pour affiner le diagnostic topographique et sont réalisés comme premier temps du traitement.

TRAITEMENT DE L’OBSTACLE

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ArrowLe premier objectif est de corriger les troubles métaboliques. Il existe quelques fois une indication à réaliser une épuration extra-rénale en urgence lors d’hyperkaliémie, d’acidose métabolique , d’hyperhydratation entraînant un OAP et parfois lorsque le taux d’urée est > 4 g/l.

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ArrowLe deuxième objectif est de libérer les urines par la reperméabilisation des voies excrétrices. Dans le cas idéal, le traitement de la cause sera possible lors d’étiologies lithiasique, iatrogène post-opératoire, voire même lors d’anurie par hydronéphrose aiguë.

Le plus souvent il faut se contenter d’une simple montée de sonde urétérale sous endoscopie. Ce sera alors une bonne solution d’attente avant l’intervention pour permettre aux réanimateurs de corriger les troubles métaboliques et de traiter une éventuelle infection. Lorsque ce type de dérivation s’avère impossible, il faut réaliser une néphrostomie percutanée sous échographie.

Exceptionnellement , on a recours à une chirurgie conventionnelle en urgence pour réalisation d’une urétérostomie cutanée bilatérale en cas de cancer pelvien.

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ArrowLe troisième objectif thérapeutique est le traitement étiologique.




ETIOLOGIES

a) Cancer pelvien (50 % des cas) :

L’uretère ou les uretères sont bloqués par un processus tumoral d’origine prostatique, vésical, gynécologique ou digestive. Le diagnostic est essentiellement clinique et échographique.

La pyélographie descendante précisera au mieux la hauteur de l’obstacle. Le scanner pelvien complétera le bilan préopératoire.

b) Lithiase (40 % des cas) :

Il s’agit dans plus de la moitié des cas d’une lithiase urique alors qu’en dehors de cette circonstance les lithiases uriques ne représentent que 5 à 10 % des lithiases. Le siège du calcul est en général urétéral. Le mécanisme de ces anuries obstructives fait appel soit à un obstacle survenant sur un rein unique soit une lithiase bilatérale soit aussi, dans un tiers des cas à des phénomènes infectieux graves associés. Le diagnostic est fondé sur l’interrogatoire, l’abdomen sans préparation et l’échographie. L’urétéropyélographie rétrograde garde son utilité en préopératoire alors que la pyélographie descendante, moins traumatisante précise l’état de la voie urinaire sus-jacente.

c) Fibrose rétropéritonéale bénigne idiopathique ou iatrogène:


Elle peut se révéler par une anurie. L’échographie retrouve la dilatation signant l’obstacle. L’UIV ou l’urétéropyélographie rétrograde révèlent l’image classique de l’attraction des deux uretères vers la ligne médiane avec un aspect laminé en regard des dernières vertèbres lombaires. Le produit de contraste réussit à remonter jusque vers les reins et fait important, les uretères sont cathétérisables sur toute leur longueur. La mise en place d’une dérivation interne par sonde urétérale JJ constitue un élément à la fois diagnostic et thérapeutique. L’étiologie plus précise de la sclérose sera faite ultérieurement par scanner voir prélèvement biopsique.

d) Hydronéphrose aiguë :

Dans ce cas , l’anurie survient par aggravation d’une anomalie de la jonction pyélo-urétérale soit uni- soit quelquefois bilatérale. Le diagnostic est posé par l’échographie éventuellement suivie par une ponction des cavités rénales avec opacification pyélocalicielle.

e) Lésions urétérales iatrogènes post-opératoires :


Elles constituent des étiologies à ne pas négliger. En effet, peuvent se rencontrer plaies ou ligatures d’uretères uni- ou bilatérales survenant en général au décours d’une chirurgie uro-gynécologique (hystérectomie, cure de prolapsus, cure d’incontinence urinaire, adénomectomie prostatique).

f) Causes exceptionnelles :


Tumeur rétropéritonéale, tumeur primitive ou secondaire de l’uretère, malakoplakie, bilharziose, endométriose, périartérite noueuse, tuberculose. Citons chez la femme enceinte dans l’hydramnios aigu la compression directe des uretères pelviens par l’utérus gravide.

La lithiase urinaire

Il s'agit d'une maladie caractérisée par la présence d'une ou plusieurs lithiases (cad, concrétion minérale ou calcul) au sein de l'arbre urinaire, en majorité le haut appareil urinaire.


C'est une maladie à prédominance masculine, plus fréquente dans les pays chauds et à niveau de vie élevé. La fréquence : 32/100 000 nouveaux cas par an pour un âge compris entre 20 et 60 ans, touchant 2 hommes pour une femme avec une incidence familiale retrouvée dans 50% des cas.


A - Etiologies et facteurs favorisants :

La formation lithiasique est favorisée par l'hyperconcentration dans les urines de certains composants minéraux, tels l'oxalate et le phosphate de calcium. Une urine sursaturée permet la formation d'un nidus homogène ou hétérogène servant de matrice à la formation d'un petit cristal. Ce dernier pourra augmenter de volume et donner naissance à un gros calcul ou pourra s'agréger avec d'autres cristaux identiques pour former une agrégation cristalline.

L'étiologie est inconnue dans 60% des cas, puis viennent:

ArrowL'hypercalciurie idiopathique, autosomique dominante, par fuite urinaire ou augmentation de l’absorption digestive de calcium;
Arrowhypercalciurie par hyperparathyroïdie
Arrowhypercalciurie par intoxication à la vitamine D, A
Arrowhypercalciurie liée à une néoplasie, maladies de Kahler, de Paget anomalie du métabolisme de l'acide urique
Arrowhyperoxaliurie primitive ou familiale
Arrowsyndrome de jonction pyélo-urétérale.

Toutefois, quelque soit l'étiologie, on notera que les facteurs nutritionnels jouent un rôle décisif, notamment ceux riches en sels, protéines animales et sucres.

B - Symptomatologie:

Cliniquement, l'obstruction brutale des voies urinaires se traduit par:

Arrowune douleur liée à l'hyperpression, pouvant évoluer vers la rupture: nommée colique néphrétique, très douloureuse, sans position antalgique

Arrowune anurie/oligosurie

Arrowune stase urinaire favorisant l'infection

Arrowpyélonéphrite destructrice du rein

Arrowpyonéphrose calculeuse (complication consistant en une destruction rénale par accumulation et hyperpression d'une collection purulente en amont de l'obstacle) puis septicémie

Radiologiquement, on observe 90% de lithiases radioopaques (sels de calcium)(fig. 1) et 10% de lithiases radiotransparentes (acide urique, cystine...)

L'ASP permet la visualisation directe de la lithiase dans 90% des cas, et d'affirmer sa situation et sa taille

L'échographie permet d'évaluer l'importance de la dilatation de la voie excrétrice;

L'UIV (urographie intraveineuse) permet de cibler de façon beaucoup plus précise, surtout en cas de lithiase radiotransparente

Diagnostic différentiel: il se fera sur les autres causes possibles de compression, à savoir tumeur de la voie excrétrice, caillot sanguin, séquelles tuberculeuses

C - Traitement :

La méthode la plus récente est la lithotritie, et est actuellement utilisée dans plus de 90% des cas: on utilise la propriété de résonance des matériaux afin de détruire une lithiase en lui faisant converger des ondes ultrasonores. Ces ondes provoquent une fissuration à chaque impulsion, permettant ainsi, par la suite, une excrétion par les voies naturelles.

En cas d'échec du traitement lithotritique, de calculs de taille > à 2cm, de stase importante infectée, le traitement classique chirurgical est préféré.

Désinfection urinaire et acidification (action bénéfique sur les germes uréasiques)
Filtrage systématique des urines

Chirurgie classique :
pyélotomie + néphrotomie et néphrectomie si rein détruit
chirurgie percutanée, ponctions




La surveillance médicale portera sur la désinfection de l'urine, l'hyperdiurèse et l'acidification urinaire.

en cas de lithiase calcique, régime:

ExclamationDiurèse supérieure à 2l/24h
ExclamationEviter oxalates (chocolat,oseille,rhubarbe,asperges,vin blanc...)
ExclamationEviter les protéines animales
ExclamationRégime modérément désodé
ExclamationConsommation entre 600mg et 1g de Ca++, par 24h, en prenant garde de ne pas trop diminuer l’apport calcique, ce qui augmenterait l’absorption d’oxalates.

Arrowen cas de lithiase urique:
Traitement médical par alcalinisation de l'urine (contrôle pH urinaire > 7)
Eau alcaline : Vichy Célestins
Alcalinisation urinaire (FoncitrilÒ : 2 à 3 sachets par jour)
Traitement prophylactique des récidives par Allopurinol (ZyloricÒ ) si hyperuricémie et hyperuricosurie.